Fatigue des pilotes et repos

By | 2018-11-22

 

Le rapport d’enquête d’incident d’un B-737 de Sunwing à Belfast (EGAA, 2017) met en évidence encore une fois le problème récurrent tellement négligé par les autorités canadiennes. Le vol était opéré par un équipage canadien. Je discuterai bientôt de l’aspect et des procédures mentionnés des décollages à puissance réduite. Ce qui me frappe ce matin en lisant la presse, c’est que notre ministre des transport Marc Garneau qui perpétue le mantra des gouvernements canadiens tous partis confondus, ils les sont ! L’élément retenu par les médias est la fatigue des pilotes. Le ministre a refusé de commenter sur le sujet. J’espère que la raison est pour ne pas interférer avec le travail des experts sur le dossier plutôt que son ignorance sur la réalité scientifique de notre industrie.

 

Depuis 2010, oui il y a 8 ans, le gouvernement canadien s’est embarqué sur le projet de mettre à jour les règles de temps en service des pilotes. La loi actuelle sur laquelle les membres d’équipages basent la sécurité de leurs vols fut écrite à une époque où l’on pouvait conduire sa décapotable sans ceinture de sécurité avec une bière entre les genoux, littéralement! Le Canada, un fier membre du G7, arbore les règles les plus permissives et libérales – pas de mauvais jeu de mots ici – au monde, pas de l’occident, LE monde.

 

Au Canada, on permet aux membres d’équipages de voler (pas travailler, voler) 1200 heures par année. Nos voisins au sud du 49 ième sont limités à 1000 heures, en France 935 et au Royaume-Uni 900. Nos collègues américains doivent être accompagnés d’un troisième pilote pour les traversées de l’Atlantique plus longues que 8 heures. Pas au Canada, nous on va de l’avant avec 2 pilotes dans le milieu de la nuit, à une heure où le corps argumente autrement.

 

La trainée attachée aux pieds de nos faiseurs de lois pour moderniser notre RAC est simple à expliquer: l’argent non pas la science. Pourquoi une entreprise réduirait-elle la charge de travail de ses employés? Il est simpliste et myope de blâmer les relations industrielles. Une étude pas si récente de la NASA observait que 75% des accidents comptait la fatigue des membres d’équipage parmi les facteurs majeurs contributifs. La question doit être posée: On s’occupe des actionnaires ou des passagers? Les règles de temps de vol basées sur la science existent depuis plus d’une décennie et améliorent la sécurité sans toucher aux profits. Le coût par heure de vol d’un équipage de conduite d’un gros porteur revient à une absurde somme de 3$ et moins par siège.

 

Notre gouvernement, sans doute tous les gouvernements, imaginent les membres d’équipage de conduite (humanoïdes) comme des unités que l’on « allume et éteint » avec l’aide d’un simple interrupteur. Les règles de temps de vol sont une chose. Ils refusent d’admettre publiquement que les membres d’équipages requièrent, à titre d’exemple ici, de prendre de longs transferts en bus (parfois plus d’une heure) dans le trafic matinal de Londres et de se soumettre aux interminables procédures de sécurité aéroportuaire de LGLL pour accéder au zinc. Négatif, ce n’est pas considéré comme du temps en service. Ce dernier débute 1 heure 15 minutes avant le refoulement et se termine 15 minutes après la fermeture des moteurs. Ce qui se passe au-delà de ces heures ne compte pas. Le temps de repos vous demandez? Ils savent tous que le 9 heures et 15 minutes devrait être suffisant pour se refaire une beauté loin de son domicile. Ce temps comme vous comprenez est comptabilisé essentiellement à compter de la fermeture des moteurs. Oubliez le transport, le fil dentaire et un peu d’exercice et all. Vous avez faim? essayez la distributrice au bout du couloir de l’hôtel sur l’axe d’approche de l’aéroport. On s’attend à ce que le pilote dorme au contact de l’oreiller.

 

Donnons un chance au ministre, une personne bien instruite, de produire ces règles tant attendues. Mais quelque part j’entends crier le GPWS (associez l’acronyme à votre guise) qui m’avertit autrement. Le parti politique et le district financier ont d’autres intentions. Je serais heureux de me rétracter autrement.

2 thoughts on “Fatigue des pilotes et repos

  1. Rejean Tanguay

    Je suis d’accord à 100 %. On attend un accident
    avant d’agir.

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  2. Pingback: Nouvelles règles de service pour les pilotes canadiens | Aviation Commonsense / L'Aviation Rationnelle

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