La gestion du risque et la loterie

By | 2021-12-11

Une bonne gestion du risque rapporte beaucoup plus que l’espérance d’un gain en loterie.

Récemment, je suis littéralement tombé en bas du siège du PA-30. Bon, d’accord figurativement parlant. Mais de mentionner ma surprise aurait été un énorme euphémisme.

Empoisonnement au monoxyde de carbone

Il y a deux ans, sur la section anglaise de ce site, j’avais lancé un article rapide sur l’empoisonnement au monoxyde de carbone. Étant à l’étranger et par manque de temps, cet article n’a pu vous être traduit comme il se doit. Le fond de l’affaire résidait sur l’accident mortel d’un joueur de « foot »/soccer suite à la disparition de l’avion qui le transportait dans la Manche.

Les conclusions éventuelles indiquaient que l’empoisonnement au monoxyde de carbone était en cause. C’est à ce moment que j’ai mentionné que je ne prenais pas de risque ou du moins réduisais mon exposition au risque en équipant mon zinc d’un détecteur de monoxyde de carbone performant.

Je mentionnais récemment que j’appréciais particulièrement les balados de la Flight Safety Foundation de l’AOPA: « There I was« . (en anglais). Le très compétent Richard McSpadden s’entretien avec des pilotes de tout les domaines dans le but d’expliquer un incident ou un accident vécu.

L’analyse que l’équipe produit est coup sur coup sans égale et professionnelle sur tous les points. En plus, le courage de partager son histoire est d’autant plus vénérable venant de la part des pilotes concernés.

Il faut rendre à César tout honneur, l’AOPA fait un excellent travail en matière d’éducation en sécurité aérienne.

Il n’y a rien comme des budgets pour seconder sa cause. Au final, l’origine n’a pas d’importance car le savoir se partage sans perte de ressource et ce pour le bénéfice de tous.

L’épisode #13 fut à l’origine de cette malencontreuse chute mentionnée plus haut. Certains esprits moins enclins aux faits scientifiques verront peut-être un « signe » dans ce nombre situé entre 12 et 14.

Pour résumer les faits, un pilote de Mooney M20P est tombé inconscient suite à l’empoisonnement au monoxyde carbone.

Les livres vs la réalité

Tout le monde le sait: le CO ce n’est pas bon pour la santé. Il aura des effets néfastes sur la conclusion favorable d’un vol. Les questions à l’examen théorique de votre brevet vous demanderont si vous connaissez les effets du monoxyde de carbone. Il est inodore (impossible à déceler comme une fuite de carburant). Il vous rendra incapable de raisonner, calculer et piloter. Au final (touche coquette), vous perdrez connaissance avant d’en mourrir. Si ce n’était pas suffisant, les effets mineures de courtes expositions successives sont cumulatifs.

La compétence du pilote concerné n’est nullement mise en doute dans cette analyse. Il était surtout question de facteurs humains (internes et externes) qui ont mené à l’accident. La fuite de l’échappement dans le système de chauffage étant évidemment la cause mécanique de l’accident.

La loterie

Le pilote est tombé dans les bras gazeux de Morphée. Quant au M21P, il était bien compensé pour la montée à 105 kt. Cette dernière s’est poursuivi jusqu’à la panne sèche, 260 nm plus loin. L’auto-pilote était alors enclenché en mode suivi de cap seulement. En plus, il s’est évidemment retrouvé bien plus haut que prévu. Une descente à 105 kt s’en est suivie. On ajouterait ici que rien n’égale un avion bien compensé. Le vol se termina par un « atterrissage » évidemment assez violent dans une clairière dans le milieu de nulle part !

Le pilote s’est réveillé éventuellement dans l’air pur hivernal, le pare-brise défoncé. Étant un peu coincé, il a réussi à s’extirper et aller chercher des secours. Une grande victoire à la loterie comme il n’en existe pas d’autre.

Gestion du risque

Mes chances de gain à la loterie sont aussi bonnes que pour n’importe qui autre. Je préfère m’en tenir à la gestion de risques connus, quand la chose est possible. Par possible, je prends les mesures nécessaires qui demandent parfois des dépenses financières.

Je n’aurai jamais cette chance absolument inouï que ce collègue a pu bénéficier.

L’utilisation d’un détecteur de monoxyde de carbone fait partie depuis longtemps de cette stratégie. Les triangles collants à 10$ ne font carrément pas l’affaire. Ils sont trop peu sensibles et ne font qu’assouplir notre vigilance vu leur présence essentiellement inutile. Il est démontré que lorsqu’on arrive à distinguer les petits points noirs de détection, nous avons été empoisonné. C’est à ce point que le jugement est déjà en dégringolade.

Un détecteur électronique saisira un niveau de CO remarquablement plus bas. L’alarme sonore est suffisante pour réveiller les morts. Ce qui est bien en soi, puisque le but c’est de ne pas en arriver là de toute façon.

Inscrivez-vous au blogue

Entrez votre adresse courriel pour recevoir les notifications de nouvelles rubriques

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *